Mohamed « Mamane » Moustapha : l’humour, un catalyseur du changement | Creative Development Podcast

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Mohamed « Mamane » Moustapha : l’humour, un catalyseur du changement

July 11, 2023

Saison 3 | Épisode 4

Dans cet épisode, Makhtar Diop reçoit Mohamed Moustafa, mieux connu sous le nom de Mamane. L’humoriste et entrepreneur créatif partage sa passion pour l'Afrique, ses défis et son avenir plein d’espoir. Il évoque le pouvoir de l’art comme catalyseur de changement et de sensibilisation des populations aux problématiques actuelles tel que le changement climatique, et son engagement pour la formation des jeunes. 

In this episode, Stop-Winlock’s Makhtar Diop sits down with Mohamed Moustafa better known as “Mamane”. The much-loved comedian and creative entrepreneur shares his passion for Africa, its challenges and its promising future. In addition to his commitment to training youth, Mamane also talks about the power of art as a catalyst for change and for raising awareness of issues such as climate change. 

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Transcription - Français

Makhtar Diop : Bonjour et bienvenue à Creative Development with IFC, mon nom est Makhtar Diop. Je suis le directeur général de la Société financière internationale. Aujourd'hui, j'ai l'immense plaisir de recevoir Mohamed Moustafa que l'on connaît mieux sous le nom de Mamane. Originaire du Niger, Mamane est non seulement un comédien incroyable, mais aussi un réalisateur visionnaire et un entrepreneur. Connu pour avoir développé l'univers de la République très très démocratique du Gondwana, Mamane explore l'actualité. Il dénonce avec un humour incisif les problèmes de société. En jouant avec les mots, il s'est rendu célèbre avec son sketch sur la complexité de la langue française, La langue de Descartes. 

Mamane, c'est un vrai plaisir de vous recevoir aujourd'hui. Je vous souhaite la bienvenue dans ce podcast. 

Mohamed “Mamane” Moustafa : Merci beaucoup.

Makhtar : Commençons tout d'abord par parler de votre enfance. Votre père était diplomate et sa carrière a certainement façonné votre enfance et votre vision de l'Afrique et du monde. Pouvez-vous nous parler de votre expérience quand vous étiez plus jeune ? Et de cette vie de fils de diplomate ? Comment cela a-t-il façonné votre vie ?

Mamane : J'étais un peu, comme on dit, dans les bagages de mon père, qui était ambassadeur du Niger dans certains pays, en Afrique : en Côte d'Ivoire, au Cameroun, au Nigéria, en Algérie. Donc cela m'a donné cette vie bohème.

Dans toute ma vie, je n'ai pas fait plus de trois ans et demi, quatre ans, dans la même ville, parce qu'avant d’être diplomate, il était aussi sous-préfet et préfet. Donc je n'ai pas arrêté de bouger dans mon enfance. Le mauvais côté, c'est que je ne peux pas dire que j'ai des amis d'enfance avec qui j'ai fait tout un cursus scolaire.

J'en ai beaucoup, beaucoup, et sa carrière de diplomate m'a permis d'avoir ce sentiment d'être africain, pas uniquement nigérien. Donc j'ai fait l'école primaire en Côte d'Ivoire. J'ai fait le collège aussi au Cameroun et au Niger. Donc ça m'a donné cette dimension panafricaine, ce qui fait que je me sens autant ivoirien que camerounais que nigérien. Et cela se ressent aujourd'hui dans mon métier, dans ce que je fais. J’ai cet amour viscéral de l'Afrique, avec ses injustices. Parce que, étant issu d'un milieu que l’on peut dire privilégié, j'avais cette chance de voir ce qui ne va pas, de voir les choses, les injustices. Et mon père m'a tout le temps inculqué cela. 

Makhtar : Mais venons-en à ce que vous faites maintenant. Vous êtes la fameuse voix Mamane. Je l’écoute tous les matins, quand j'écoute mon podcast sur le journal Afrique. D’où vient le mot Gondwana d'abord ? 

Mamane : Alors Gondwana, voilà, mes études scientifiques ne m’auront pas servi à rien. Gondwana, je l’ai appris en deuxième année d'université quand je faisais de la géologie. Selon la tectonique des plaques, la dérive des continents, il y a des centaines de millions d'années, la Terre, c'était un seul continent qui s'est cassé en deux. Au nord, il y avait la Laurasie, qui regroupait l'Europe d'aujourd'hui, la Russie et  l'Amérique du Nord. C'était ce continent-là. Et au sud, l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud, l'Australie. Et c’était ça le Gondwana.  Donc, quand RFI m'a demandé de penser à une chronique qui parlerait à tout le monde, je me suis dit,  si je fais une chronique humoristique qui vient à la fin du journal, en insistant sur un seul pays, les autres ne peuvent pas se sentir concernés.

Et donc j'ai imaginé quelque chose qui pourrait intéresser tous les Africains. Et c'est comme ça que j'ai imaginé ce pays, qui n'existe pas mais qui existe vraiment. Il regroupe tout ce que les pays africains ont en commun, le manque de démocratie, le manque d'infrastructure routière, de santé, d'éducation et j'ai tout mis au Gondwana, sans citer de nom. Le président s'appelle Président-fondateur. Ce qui fait qu'à chaque fois qu'il se passe quelque chose dans un pays, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Niger, au Congo, au Cameroun, je prends ce qui s’est vraiment passé, et je dis que c'est au Gondwana, avec Président-fondateur. Et pour les gens qui écoutent, c’est un jeu de piste et les gens reconnaissent. Souvent, je mélange deux trois pays, et les gens me disent : tu parles du Congo là, tu parles de la Côte d'Ivoire, du Niger. Et ça fait depuis 2009 que je fais cette chronique. Et l'intérêt ne faiblit jamais parce que c'est toujours basé sur le réel, sur le quotidien des Africains, sur l'actualité. 

COMEDY CLIP : Alors, Président-fondateur, c’est le spécialiste de la démocratie. Il a inventé toutes les techniques pour rester au pouvoir. Par exemple, il a inventé un nouveau type d'élection, c'est les élections-surprise.  Il appelle l'opposition pour leur donner la date des élections. Il leur dit : les élections, c’était hier, et j'ai gagné.

Makhtar : Ce qui me frappe, moi, dans votre chronique, c'est que ce n'est jamais accusateur. On parle des problèmes. On les pose sur la table et je crois que ça rend la discussion et le propos beaucoup plus réceptifs. Parce que ce n'est pas une accusation contre un individu, contre un gouvernement particulier, contre une personne. C’est de dire, il y a ce problème et ce problème, on a besoin de le résoudre.

Et je crois que ce que vous avez réussi à faire, c'est de montrer l'urgence et les paradoxes que l’on ne voit  pas parce que, des fois, la vie de tous les jours nous aveugle  un tout petit peu. Et les paradoxes que vous mettez en lumière nous permettent de voir l'urgence et l'exigence de régler ce problème. Avant de venir sur un autre aspect de votre vie, votre rôle en tant qu'entrepreneur, je voudrais parler de votre rôle en tant qu'ambassadeur pour la lutte contre la sécheresse et pour la défense du Sahel. Ce n’est pas simplement que Ce n’est pas simplement que vous êtes sensible aux problèmes, mais en tant que scientifique, vous savez de quoi vous parlez. Que pensez-vous que l’on puisse faire de plus sur le continent africain pour pouvoir, justement, arrêter cette désertification et s'adapter mieux au changement climatique ? 

Mamane : Je pense que la chose que l'on peut faire, c'est sortir cette problématique du cercle limité des politiques, des dirigeants du monde et des spécialistes, de sortir ça des différentes COP, des différentes conférences que l'on fait habituellement pour traiter ce problème. Il faut aller vers les gens, vers les populations qui subissent ce dérèglement climatique, ce réchauffement climatique. Un dirigeant, un homme politique, un expert, qui vit à Paris ou à Washington, il rentre dans sa voiture climatisée, il retourne dans ses bureaux climatisés, dans son palais climatisé. Mais les populations qui vivent cela au quotidien - si je prends par exemple, au Sahel, où il faut marcher des kilomètres tous les jours pour trouver de l'eau, où les arbres disparaissent, meurent par manque d'eau, par des températures qui montent -, ces populations-là vivent cela dans leur corps, dans leur chair. On les retrouve aujourd'hui dans les bidonvilles des capitales, parce que il n'y a plus rien à manger, pour eux et pour leur bétail.

Donc ce qu'il faut, c'est mobiliser ces populations. Amener le message vers ces populations-là. Leur montrer que, ce qu'ils vivent, ce n’est pas la fatalité. Ce n'est pas un Dieu tout-puissant qui les punit de je ne sais quel péché. C’est dû à l'action des hommes. C'est dû à l'action des industriels. Et qu'on peut agir nous-mêmes, qu'on peut modifier, lutter contre ce dérèglement-là.

Et c'est le rôle des artistes, c’est le rôle des humoristes. Parce qu'aujourd'hui, un humoriste, quand on fait une vidéo où l’on aborde des sujets vraiment frivoles, ça fait des millions et des millions de vues, c'est des millions et des millions de personnes. On arrive à avoir accès à leur téléphone portable grâce aux réseaux sociaux. Donc, il faut se servir de ça. Il faut se servir de notre art pour, justement, véhiculer ce message positif et utile vers ces populations-là.

Et, par l'humour, on peut aborder toutes ces thématiques-là. Les faire rire sur les changements climatiques, les faire rire sur les changements de leur quotidien, de leurs gestes quotidiens, comment prendre  soin de la nature, réduire la coupe des arbres, aborder un changement de mentalité et adopter des gestes vertueux de respect de l'environnement.

Et les humoristes peuvent faire ça. Grâce à une simple vidéo, et bien, on peut arriver à toucher les esprits des gens.

Makhtar : Je vois beaucoup de similitudes avec votre ami Baaba Maal, qui a  aussi la même vision, que j'ai reçu sur ce plateau, qui est également un défenseur du Sahel et qui veut s'assurer que l'agriculture dans nos pays, ce soit une agriculture plus moderne, ou que l’on ait accès à l'eau. Au niveau d’IFC, et particulièrement dans l'année à venir, je voudrais mettre un accent tout particulier sur les investissements dans le secteur de l'eau. Je sais que l’on n’a pas encore une idée très précise de la nappe phréatique qui existe au niveau du Sahel. 

On parle souvent des grands fleuves, tels que le fleuve Sénégal, le fleuve Niger. On ne parle pas assez de la nappe phréatique et de l'utilisation de toutes ces ressources. Donc, avec un certain nombre de partenaires, nous sommes en train de discuter, de voir si on peut mettre en place un gros programme qui permettrait, justement, d'avoir un meilleur accès à l'eau et de pouvoir contribuer au développement de l'agriculture dans notre sous-région.

Cela est d'autant plus important, et j'espère que le continent africain, la prochaine fois qu'il y aura une crise mondiale comme celle que nous connaissons, n'aura pas besoin d'attendre qu'on nous envoie du blé ou  des produits alimentaires, mais que le sorgho, le maïs, le fonio, le niébé et le blé que l’on produit sur le continent suffiront à nourrir les populations africaines. Donc, c'est quelque chose sur lequel on pourra travailler ensemble, de votre côté, Mamane. Mais du côté d’IFC, c'est quelque chose que nous souhaitons faire avec nos collègues de la Banque mondiale, le groupe de la Banque mondiale. C'est une priorité que l’on va avoir sur l'Afrique dans les mois à venir. 

Mamane : J'étais venu à Washington pour les Spring Meetings, parce que cela fait un moment que l’on discute avec la Banque mondiale sur une idée que que j'ai eue, un projet qui a intéressé beaucoup de monde. C'est une caravane pour la Grande muraille verte, une caravane artistique pour la Grande muraille verte.

Donc, j'en ai parlé aux collègues de la Banque mondiale, qui ont trouvé l'idée très intéressante. Et là, on travaille à chercher des financements pour cela. J’ai rencontré l'ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui est champion pour la Grande muraille verte. J'ai discuté aussi avec madame Ramatoulaye Diallo Diaz, ancienne ministre de la Culture du Mali, qui est à la tête d'une fondation pour la Grande muraille verte. Et on veut mobiliser les artistes, spécialement les humoristes, pour aller dans tous les pays traversés par ce vaste projet de la Grande muraille verte, pour sensibiliser les gens sur ce qu'est la Grande muraille verte.  Ce n’est pas juste reboiser, planter des arbres, et puis après, on s'en va.  Non, c'est faire de ce tracé-la, de ces régions, des endroits où les gens vont rester vivre, un environnement meilleur. Ce qui implique tous les facteurs nécessaires et indispensables à une vie, c'est-à-dire des arbres, bien sûr, l'agriculture, évidemment, l'élevage, mais aussi des dispensaires, des écoles, des commerces, des routes, des infrastructures. Donc, c'est tout un ensemble et je suis en train de travailler sur cela.

Je suis très content, parce que toutes les personnes à qui j'ai parlé de ce projet-là ont été enthousiasmées en me disant que, c'est cet aspect qui manquait dans la Grande muraille verte : aller convaincre les populations que  c'est leur futur, c'est leur avenir qui dépend de ça et qu'ils en sont les acteurs premiers.

Makhtar : Absolument, absolument. Tout à fait. Je crois beaucoup à ce que vous dites. J'ai été impliqué, dans une vie antérieure, dans la mise en place de ce programme de la Grande Muraille verte, il y a assez longtemps de cela. Donc je comprends tout à fait ce que vous dites et je suis convaincu de la nécessité de ce faire. Maintenant,  tournons-nous vers Mamane, l'entrepreneur, Mamane, le cinéaste, Mamane,  qui a développé des programmes nouveaux en matière d’humour en Afrique. Dites-nous un peu, à votre avis, qu'est ce qu'il faudrait faire pour soutenir l'industrie créative en Afrique ? 

Mamane : moi, depuis que j'ai commencé, depuis que j'ai décidé de quitter la France et de venir me réinstaller en Afrique pour faire mon métier, c'est construire un écosystème  de l'humour, de la comédie.

Ce qui implique, avoir des salles pour que les comédiens puissent jouer des émissions de télé, de radio,  pour que leurs voix puissent porter auprès du public. Et aussi, une école pour la formation, pour former les gens, parce que j'ai été confronté à ça. La plupart des gens sont autodidactes, ils viennent là parce qu'ils savent faire rire, alors que dans d'autres pays, on le voit, il y a des standards internationaux.

On peut apprendre comment écrire une chronique, comment écrire un film, comment écrire un sketch, comment se tenir sur scène. Il y a tout un tas de techniques, on n'invente rien. Donc, cette école de comédie, je suis en train de la monter à Niamey. Ce sera une école panafricaine pour former les futures générations de comédiens, de scénaristes, de techniciens, de régisseurs, de producteurs. Donc, c'est cet écosystème qu'il faut faire. Parce que le public est là : rien que l'Afrique francophone, c'est des centaines de millions de spectateurs, de téléspectateurs, de gens qui sont intéressés par l'humour.

On n'a pas besoin, comme les footballeurs ou les chanteurs, de partir jouer à Paris Saint-Germain ou à Manchester. Un humoriste doit rester sur place. Un humoriste doit rester auprès du public qu’il fait rire, puisqu'il se nourrit de ce quotidien. Dès qu'il sera à Paris, il va être complètement déconnecté.

Donc, je reviens à la solution pour les industries culturelles et créatives en Afrique. Comment rendre cela  rentable pour que les humoristes puissent  vivre ? 

Makhtar : Mais Mamane,  permettez-moi de vous interrompre ici. Un des grands défis, et ce que ce que vous dites, c'est tellement vrai, cela  se passe pour la musique, cela  se passe pour les autres formes d'art, la formation est essentielle. On a beaucoup de talents, mais on n’a souvent pas cette formation additionnelle qui permet justement d'avoir certains standards internationaux. La formation souvent n'est pas lucrative. On ne fait pas de l'argent en formant les gens. Comment voyez-vous cette formation ?  Comment cela serait financé ? 

Mamane : Je suis content que vous pointiez cet aspect non rentable, non pécuniaire de la formation. C’est quelque chose de social. Et donc, je sais qu'il y a beaucoup, beaucoup d'argent déversé par la communauté internationale, par les institutions internationales pour différentes choses en Afrique et on m'a dit que pour la formation, il y a des budgets qui sont là pour ça. Donc, on est en train d'établir un système de bourses pour les étudiants que l’on va sélectionner dans différents pays africains. On est en train de monter un réseau, un maillage de l'Afrique francophone, pour commencer par cela, pour recruter les étudiants les plus volontaires, les plus déterminés, et qui viendront dans cette école-là pour être formés grâce à un système de bourses. Et je sais que des mécènes, des fondations, des institutions comme la vôtre, comme la Banque mondiale, le FMI et plein d'autres, l'Agence française de développement, sont prêts à aller là-dedans, parce que l’on offre un horizon professionnel aux jeunes de l'Afrique.

C'est le continent le plus jeune au monde. La proportion de jeunes de moins de quinze ans est incroyable. Certains présentent ça comme quelque chose de négatif, comme un handicap. Mais pour moi, c'est une force. C'est une chance. Les autres continents n'ont pas cela. Et c'est un continent qui a une force vitale. Et surtout, on est le dernier continent à avoir des histoires à raconter.

Le quotidien, l’histoire de l'Afrique n'ont pas été racontés du point de vue des Africains. Quand on voit le succès de Black Panther, mondial, qui s’inspirait de l'histoire africaine, on sait que les Africains en ont. Il suffit de voir le succès de la musique du Nigéria, Burna Boy, WizKid. Partout, dans tous les centres commerciaux, les boîtes de nuit dans le monde, aujourd'hui, c'est la musique nigériane qu'on entend.

Donc il faut  un écosystème bien structuré, avec des normes internationales, avec une formation, avec des médias qui ne se contentent pas juste d'être écoutés par les Africains, parce qu'aujourd'hui, le public africain, il a accès au contenu du monde, par Netflix, par Amazon, par tous les contenus, par YouTube. Donc, un spectateur africains ne s'assoit pas pour regarder un film parce que c'est un film africain. Non, il veut voir un bon divertissement. Il veut passer un bon moment. Et il faut que ce contenu-là soit professionnel, soit aux normes internationales et qu’il soit bancable. 

Makhtar : Très bien, parce qu’une des directions que nous prenons au niveau d’IFC,  c'est le financement des industries créatives. J’ai  beaucoup d'amis, je connais beaucoup de personnes qui sont dans ce secteur, dont je vois l'importance et l'impact que cela  peut avoir sur le développement de nos pays. Nous sommes en train de travailler sur des initiatives. Nous voulons travailler avec des banques en leur donnant des lignes de crédit et en leur disant que, ce que l’on appelle en anglais first loss, la première perte que vous aurez dans cet investissement, on  la couvrirait. Pour donner une incitation, justement aux banques, de pouvoir prendre ce risque parce que souvent elles sont  hésitantes à investir dans le secteur des industries créatives, parce que des fois, c'est un secteur assez risqué. On peut avoir un artiste qui réussit, un autre aura moins de succès, et donc cela devient une perte pour un financier. Donc, comment trouver un moyen d'inciter plus le secteur bancaire dans nos pays à supporter cette industrie.

Une seconde chose également, en parlant aux spécialistes  du secteur, ce sont les infrastructures, notamment en ce qui concerne la musique. Et quelqu'un me disait, écoutez, quand vous voyez les artistes africains, ils font tous des tournées en Europe, aux  États-Unis. Il y en a très peu qui font des tournées au sein du continent africain. Et l’une des raisons, c'est qu'il n'y a pas assez d'infrastructures de niveau et de tour-opérateurs qui leur permettent de faire ces tournées. Comment voyez-vous tout cela,  du côté de l'industrie de l'humour ? 

Mamane : C'est le même constat. Regardez le football, par exemple. Il suffit de voir dans les meilleurs, les plus grands clubs en Europe, qui dominent le football mondial, ou même dans les équipes nationales, on voit des joueurs d'origine africaine. Et on se dit, mais comment ça se fait que les équipes africaines n'arrivent pas à gagner la Coupe du monde ?

Et bien, c'est le manque d'infrastructures, le manque de financement, d'engagement. Bon, c'est vrai que nos pays ont des priorités autres que le sport ou le divertissement. Et bien, on retrouve la même chose, on retrouve la même chose dans l'humour. C’est le manque de formation, c'est le manque d'infrastructures, le manque de médias qui vont pousser à cela.

Et, en  parlant de médias, la semaine dernière, j'ai lancé la première radio cent pour cent humour sur la FM, à Niamey, qui s'appelle Radio Gondwana. Ça fait un moment que j'avais ce projet-là, et là, c'est enfin concret. C'est à Niamey, on peut écouter sur 107.8 FM, une radio qui va donner la parole aux humoristes, écouter des sketchs, écouter des histoires, des feuilletons, à travers l'humour, avec de la musique. Donc je pense qu'il faut - comme vous le faites avec IFC, c’est une très bonne idée là, sur le first loss au niveau des banques -  il faut avoir de l'imagination et aller là-dessus. Mais, par exemple, au niveau des créateurs de contenu africains, ils ne peuvent pas monétiser leur chaînes, leur contenu, parce qu'ils sont en Afrique. Sur tiktok, Facebook ou YouTube, il faut créer un contenu, une chaîne, en Europe ou en Amérique du Nord, pour pouvoir monétiser ses vidéos. C’est terrible ça, ça fait des millions de millions de vues, mais qui ne gagnent rien. Aujourd'hui, les artistes africains ont recours au système D. Ils font appel à des amis qui leur créent des chaînes en France, par exemple. Ils leur envoient des vidéos qu'ils publient depuis là-bas pour contourner ce boycott de l'Afrique qui est sur une liste noire.

Donc, ça fait partie du plaidoyer, du lobby qu'on doit faire au niveau de toutes ces plateformes-là, pour qu' un créateur de contenu africain puisse monétiser son contenu en restant en Afrique. Parce que sinon, ce sont d’autres, dans d'autres continents, qui prennent nos idées et se font de l'argent avec. 

Makhtar : On aurait pu parler pendant des heures et des heures. C’est passionnant de vous écouter. Merci beaucoup Manane. C’était un plaisir de vous parler. Je ne vais pas reprendre votre terme, Gondwana. Mais je crois qu’on a eu une petite discussion à Gondwana, aujourd’hui. Et j’espère qu’on aura de nombreuses conversations qui nous permettront de faire avancer les industries créatives et, d’une manière générale, le continent africain. Merci pour tout. Et merci de votre participation à ce podcast. 

Mamane : Merci beaucoup. 

Makhtar : Thank you for listening. Creative Development with IFC is produced by Lindy Mtongana, Aida Holly-Nambi and Maeve Frances, for IFC. If you enjoyed this episode, please share it with your network and tell a friend.


 

Transcript: English

Makhtar Diop: Hello and welcome to Creative Development with IFC, my name is Makhtar Diop. I am the managing director of the International Finance Corporation. Today, I have the great pleasure of hosting Mohamed Moustafa, who is better known as Mamane. Originally from Niger, Mamane is not only an incredible comedian, but also a visionary director and entrepreneur. Known for having developed the universe of the Very Very Democratic Republic of Gondwana, Mamane explores current affairs. He critiques, with incisive humor, the problems of society. By playing with words, he became famous with his sketch on the complexity of the French language in La langue de Descartes.

Mamane, it is a real pleasure to welcome you to this podcast today. 

Mohamed “Mamane” Moustapha: Thank you very much.

Makhtar: Let's start by talking about your childhood. Your father was a diplomat, and his career certainly shaped your childhood and your view of Africa and the world. Can you tell us about your experience when you were younger? And of this life as the son of a diplomat? How has this shaped your life?

Mamane: I was a bit - as they say – in my father’s suitcase, who was Niger's ambassador in certain countries in Africa: in Côte d'Ivoire, in Cameroon, in Nigeria and in Algeria. So, it gave me this bohemian life.

In all my life, I have not spent more than three and a half or four years in the same city, because before becoming a diplomat, he was also a senior governmental official. So, I didn't stop moving in my childhood. The bad side is that I can't say that I have childhood friends with whom I went to school.

His career as a diplomat allowed me to have this feeling of being an African, not just a Nigerien. So, I went to primary school in Côte d'Ivoire. I did college in Cameroon and Niger. So that gave me this pan-African perspective, which makes me feel as much from Côte d'Ivoire as I am from Cameroon and from Niger. And that can be felt today in my job, in what I do. I have this visceral love for Africa, with its injustices. Because, coming from what can be called a privileged background, I had the chance to see what was wrong, to see things, the injustices. And my dad always instilled that in me.

Makhtar: But let's get to what you're doing now. You are the famous Mamane. I listen to your voice every morning, when I listen to my podcast on RFI . Where does the word Gondwana come from? 

Mamane: So Gondwana, you know, my scientific studies were quite useful to me Gondwana, I learned it in the second year of university when I was doing geology. According to the science of tectonic plates and the continental drift, hundreds of millions of years ago the Earth was a single continent that broke into two. To the north, there was Laurasia, which included today 's Europe, Russia and North America. And to the south was Africa, Asia, South America and Australia. And that was Gondwana. So when RFI asked me to think of a satirical segment that would speak to everyone, I said to myself, if I do a humorous segment that comes at the end of the news report, emphasizing only one country, the other countries would not find it offensive. 

And so I thought of something that could be of interest to all Africans. And that's how I imagined this country which doesn't exist but which really does exist because it brings together everything that African countries have in common, fragile democracies, the lack of road infrastructure, health, education and I put it all in Gondwana, without naming names. The President is called President-Founder. Which means that every time something happens in a country, say for instance in Senegal, in Ivory Coast, in Niger, in Congo, in Cameroon - I take what really happened, and I say that it happened in Gondwana with President-Founder. And for people listening, it's like a treasure hunt. Often, I’ll combine events from two or three countries, and people will tell me: you're talking about the Congo there, or you're talking about the Ivory Coast or Nigeria. I've been doing this segment since 2009. And the interest never wanes because it's always based on reality, on the daily lives of Africans, and on current events.

COMEDY CLIP: So, Founding-President, he is the democracy specialist. He invented all the techniques to stay in power. For example, he invented a new type of election: surprise elections. He calls the opposition to give them the date of the elections. He tells them: the elections were yesterday, and I won.

Makhtar: What strikes me about your segment is that it is never accusatory. We talk about the problems. We put them on the table, and I think that makes people much more receptive to the discussion and the subject. Because it is not an accusation against an individual, against a particular government, against a person. It is to say, there is this problem and we need to solve it.

And I think what you have managed to do is to show the urgency and the paradoxes that we do not see because, sometimes, everyday life blinds us a little bit. And the paradoxes that you highlight allow us to see the urgency and the requirement to solve this problem. Before coming to another aspect of your life, your role as an entrepreneur, I would like to talk about your role as an ambassador for the fight against drought and for the defense of the Sahel. It's not just that you're sensitive to the issues, but as a scientist you know what you're talking about. What more do you think we can do on the African continent to be able to stop this desertification and better adapt to climate change? 

Mamane: I think that the thing we can do is to take this issue out of the limited circle of politicians, world leaders and specialists, to take it out of the different COPs, the different conferences that we usually do to deal with this problem. We have to go to the people, to the populations who are suffering from this climate change, this global warming. A leader, a politician, an expert, who lives in Paris or Washington, he gets into his air-conditioned car, he returns to his air-conditioned office, to his air-conditioned palace. But the people who experience this on a daily basis - if I take for example, in the Sahel, where you have to walk for miles every day to find water, where the trees are disappearing, are dying from a lack of water, from temperatures that rise - these populations experience this in their bodies, in their flesh. We find them today in the slums of the capitals, because there is nothing left to eat, for them and for their livestock.

What is needed is to mobilize these populations; bring the message to these populations. Show them that what they are experiencing is not fate. It is not an almighty God who punishes them for I don't know what sin. It is due to the action of men. This is due to the action of industrialists. And that we can act, that we can create change, fight against this disorder.

And that's the role of artists, that's the role of comedians. Because today, a comedian, when you make a video where you talk about really frivolous subjects, it gets millions and millions of views, it's seen by millions and millions of people. We have access to their mobile phones thanks to social networks. So, we have to use that. We must use our art precisely to convey this positive and useful message to these people. 

And, through humor, we can tackle all these themes, make people laugh about climate change, make them laugh about the changes in their daily lives, their daily movements, how to take care of nature, reduce tree-cutting, approach a change of mentality and adopt actions of respect for the environment. 

And comedians can do that. With a simple video, well, we can manage to touch people's minds.

Makhtar: I see a lot of similarities with your friend Baaba Maal, who has the same vision, and whom I also hosted on this platform. He is also a defender of the Sahel and wants to ensure that agriculture in the region is modernized and that there is access to water. Here at IFC, and particularly in the coming year, I would like to place particular emphasis on investments in the water sector. Currently we don't yet have a very precise idea of the water table that exists in the Sahel.

We often speak of large rivers, such as the Senegal River, the Niger River. We don't talk enough about groundwater and the use of all these resources. So, with our partners, we are in the process of exploring the possibility of a program which would allow for better access to water and contribute to the development of the agriculture in our sub-region.

This is very important. I hope that the next time there is a global crisis like the one we are experiencing, Africa will not have to wait for wheat or food products to be sent to us, but that the sorghum, maize, fonio, cowpea and wheat produced on the continent will be enough to feed the African population. So, it's something we can work on together, on your side, Mamane. But on the IFC side, it's something we want to do with our colleagues at the World Bank, the World Bank Group. This is a priority that we will have in Africa in the months to come.

Mamane : I came to Washington for the Spring Meetings, because we 've been talking with the World Bank for a while about an idea I had, a project that interested a lot of people. This is an artistic caravan for the Great Green Wall.

So, I talked about it to my colleagues from the World Bank, who found the idea very interesting. And we are working to seek funding for that. I met the former president of Niger, Mahamadou Issoufou, who is a champion for the Great Green Wall. I also discussed with Mrs. Ramatoulaye Diallo Diaz, former Minister of Culture of Mali, who is the head of a foundation for the Great Green Wall. And we want to mobilize artists, especially comedians, to go to all the countries crossed by this vast project of the Great Green Wall, to make people aware of what the Great Green Wall is. It's not just reforesting, planting trees, and then leaving. No, it's making this route, these regions, places where people will stay in a better environment. This implies the need for all necessary and indispensable resources for sustainable livelihoods, that is to say trees, of course, agriculture, obviously, livestock, but also dispensaries, schools, shops, roads, infrastructure. So that's what I am working on.

I am very happy, because all the people I spoke to about this project were enthusiastic, telling me that it was this aspect that was missing in the Great Green Wall: convincing the populations that it is their future that depends on the success of the initiative and that they are the primary actors.

Makhtar: Absolutely, absolutely. I strongly believe in what you say. I was involved in a past life in setting up this Great Green Wall program quite a long time ago. So I fully understand what you are saying and I am convinced of the need to do this. Now let 's turn to Mamane the entrepreneur, Mamane the filmmaker, Mamane who has developed new programs in terms of humor in Africa. Tell us a bit, in your opinion, what should be done to support the creative industry in Africa?

Mamane: Since I decided to leave France and resettle in Africa, my focus has been on building a comedy ecosystem. This means having spaces for actors to perform TV and radio shows, so that their voices can be heard by the public. And also a school for training, because I was confronted with that. Most people are self-taught, they step on the stage because they know how to make people laugh. Whereas in other countries, as we can see, there are international standards.

You can be taught how to write satire, how to write a film, how to write a sketch, how to perform on stage. There are a whole host of techniques, we are not inventing anything. So, this school of comedy that I am setting it up in Niamey will be a pan-African school to train future generations of actors, screenwriters, technicians, managers and producers. It is this ecosystem that must be built. Because the public is there: French-speaking Africa alone has hundreds of millions of spectators, television viewers, people who are interested in humor.

We don't need - like footballers or singers - to go and play or in Paris Saint- Germain or Manchester. A comedian must stay put. A comedian must stay close to the public he entertains, since he feeds on this daily life. As soon as he is in Paris, he will be completely disconnected.

And that brings me back  o the solution for the cultural and creative industries in Africa. How to make it profitable so that comedians can live?

Makhtar: But Mamane, allow me to interrupt you here. What you're saying is so true - and it applies to music and other art forms - training is essential. We have a lot of talent, but we often don't have the additional training which allows us to reach a certain international standard. Training often isn't lucrative. You don't make money training people. How do you envision this training? How would this be funded?

Mamane: I'm glad you pointed out this unprofitable, non-monetary aspect of training. It is a construct. There is a lot, a lot of money poured by the international community, by the international institutions for different things in Africa. And even for training there are finds for that. So, we are in the process of establishing a scholarship system for students who will be selected from different African countries. We are in the process of setting up a network, a mesh of French-speaking Africa to start with, to recruit the most willing, the most determined students, and who will come to this school to be trained, thanks to a system of scholarships. And I know that patrons, foundations, institutions like yours, like the World Bank, the IMF and many others, the French Development Agency, are ready to support this, because we offer a professional horizon for young people in Africa.

It is the youngest continent in the world. The proportion of young people under the age of fifteen is incredible. Some present it as something negative, as something of a disadvantage. But for me, it's a strength. It is an opportunity. The other continents do not have this. And it is a continent that has a vital force. And above all, we are the last continent tell our stories. 

The daily life, the history of Africa has not been told from the point of view of Africans. When we see the success of Black Panther, worldwide, which was inspired by African history, we know that Africans have something very special. Just look at the success of Nigerian music success: Burna Boy, WizKid. Everywhere, in all shopping malls, nightclubs in the world today, it is Nigerian music that we hear.

So we must develop a well-structured ecosystem, with international standards, with training, with media that is not content just to be listened to by Africans. Because today the African public has access to the content of the world, through Netflix, Amazon, You Tube. An African viewer does not sit down to watch a film just because it is an African film. No, he wants to see good entertainment. He wants to have a good time. And this content must be professional, meet international standards and be “bankable”.

Makhtar: Very true, in fact one of the directions we are taking at IFC is financing creative industries. I have many friends, I know many people who are in this sector, and I see the importance and the impact that it can have on the development of our countries. We are working on initiatives. We want to work with banks by giving them lines of credit and telling them that - what we refer to in English as first loss -, the first loss you will have in this investment, we would cover it. The idea is to give an incentive precisely to the banks in order to encourage them to take the risk because they are often hesitant to invest in the creative industries sector, because sometimes it is a fairly risky sector. You can have one artist who is successful, another will be less successful, and so it becomes a loss for a financier. So, we are trying to  find a way to encourage the banking sector in our countries to support this industry.

Furthermore, we are speaking to specialists in the sector about infrastructure, especially with regards to live music. And someone said to me, listen, when you see African artists, they all tour Europe, the  
United States. There are very few who tour within the African continent. And one of the reasons is that there is not enough live music infrastructure and tour operators to allow them to do these tours. How do you see all this, from the perspective of the comedy industry?

Mamane: It's the same observation. Look at football, for example. You just have to look at the best, the biggest clubs in Europe, which dominate world football, or even in the national teams, you see players of African origin. And we say to ourselves, but how come African teams can't win the World Cup?

Well, it's the lack of infrastructure, lack of funding, lack of commitment. Well, it's true that our countries have priorities other than sport or entertainment. Well, we find the same thing, we find the same thing in comedy. It's the lack of training, the lack of infrastructure, the lack of media that will push this.

And, speaking of media, last week I launched the first one hundred percent 100% radio station on FM Radio, in Niamey called Radio Gondwana. I've been working on this project for a while now, and finally it is concrete. It's in Niamey, you can listen on 107.8 FM, and it’s a radio station that will give voice to comedians, where you can listen to sketches, listen to stories, soap operas, through comedy with music. Just like Stop-Winlock’s really good “first loss” idea there at the bank level - you have to have imagination and go for it. But, for example, at the level of African content creators, they cannot monetize their channels, their content, because they are in Africa. On TikTok, Facebook or YouTube, you have to create a channel in Europe or North America, to be able to monetize your videos. It's terrible that there are millions of millions of views, but who don't gain anything. Today, African artists need to improvise. They ask friends to create channels for them in France, for example. So they send the videos from Africa but they are published from Europe to circumvent this boycott of Africa.

So that's part of the advocacy, the lobbying that we have to do on all these platforms, so that an African content creator can monetize his content by staying in Africa. Because otherwise, it is others, in other continents, who take our ideas and make money from them.

Makhtar: We could have talked for hours and hours. It is fascinating to listen to you. Thank you very much Mamane. It was a pleasure talking to you. I won't use your term, Gondwana. But I think we had a little talk in Gondwana today. And I hope we will have many conversations that will allow us to advance the creative industries and, in general, the African continent. Thank you for everything. And thank you for participating in this podcast.

Mamane: Thank you so much.

Makhtar: Thank you for listening. Creative Development with IFC is produced by Lindy Mtongana, Aida Holly-Nambi and Maeve Frances, for IFC. If you enjoyed this episode, please share it with your network and tell a friend.